Ravi de te voir sur cet article. Cela signifie que tu t’intéresses à la moto pour le voyage. Quoi de mieux que ce moyen de transport immersif, captivant, et qui va t’offrir une certaine liberté de mouvement.
Dans cet article, tu vas retrouver plusieurs éléments et réflexions autour du choix d’une moto pour ton futur road trip.
Sommaire
Mais permets-moi d’effacer tous préjugés de ta part : toute moto est bonne pour le voyage.
« Naaaan, mais tu ne peux pas dire ça ! Avec ma selle confort, chauffante, et massante anti-hémorroïdaires, ça n’a rien à voir ! » Tu as effectivement le droit de le penser.
Mais, et ceux qui auront fait dans leur jeunesse des voyages en 103 SP ou en 125 cc pourront en témoigner : oui, on peut voyager avec n’importe quelle bécane. Ce n’est qu’une histoire de compromis. Sur le confort, sur la puissance, sur la tenue de route, etc.
Mais tu n’as pas besoin de la dernière bécane à 25 000€ en poil de chamois à la mode pour partir faire le tour du monde (ou le tour de chez toi). Tant que ça démarre quand tu lui demandes, que tu peux sangler un sac sur la moto, tu peux y aller.
Quels critères pour choisir une moto de road trip ?
Arrête d’écouter comme si ils étaient la voie de la raison les influenceurs ou les mecs qui sont trop fiers de leurs motos pour te faire un retour honnête et constructif sur les avantages et défauts de leur bécane. Dans le premier cas, ils sont payés, et dans le second ils ont payé et n’avoueront jamais les points négatifs de leur investissement.
3 méthodes pour avoir des informations honnêtes et impartiales (si tu sais faire le tri) :
- Aller essayer toi-même la moto.
- Seul toi pourra dire si elle te plaît d’un point de vue moteur, confort, et ressenti.
- Limite, emprunte-la à un particulier pour pouvoir passer un peu plus de temps dessus.
- Regarder le nombre de ventes annuelles en Europe.
- Une moto qui serait fondamentalement mauvaise ou peu fiable ne serait pas vendue. Non ce n’est pas qu’une histoire de réseaux de distribution, mais bien de réputation (auprès des concessionnaires aussi du coup)
- Les communautés « spécialisées »
- N’oublie pas que l’humain est biaisé.
- Mais tu peux trouver sur Facebook des communautés par marque / modèles, des communautés de motards off road, ou encore des communautés de voyageurs en moto.
- Si c’est la GS qui t’intéresse, évite les communautés Francophones de GSistes sur Facebook. C’est rempli d’aigris, qui de par leur âge et l’argent qu’ils ont mis dans leur moto pensent mieux savoir que toi et vont t’expliquer que BMW les prend de haut. En même temps, quand tu vois leur attitude sur internet, moi aussi je les remettrai à leur place.
- Les instructeurs off road peuvent être assez honnêtes s’ils oublient qu’ils sont rattachés à certaines marques.
Revenons à nos moutons : voici quelques critères à prendre en compte lors du choix de ta moto selon mon expérience :
- Confort : si tu prévoies de parcourir de longues distances, en solo ou en duo, voici un aspect à ne pas négliger. Des options telles que le régulateur de vitesse, le confort de selle (que tu peux toujours faire modifier a posteriori), des poignées chauffantes, ou encore des repose-pied réglables peuvent être des éléments importants.
- Capacité de chargement : bagagerie de série ou non, résistance du support de top case, tout ça sont autant d’éléments à considérer.
- N’oublie pas aussi qu’il y a un poids maximum chargé sur une moto (480 kilos en comptant les passagers sur une GS de mémoire. Ca paraît beaucoup, mais une GSA avec la bagagerie pleine + duo, et tu peux t’en approcher).
- Moteur et performances
- Capacité en off road : si tu prévois de faire du tout-terrain pendant tes road trips, c’est une dimension à prendre en compte. Je ne parle pas de prendre une moto d’enduro, mais on ne sait pas toujours où nous mènera les pistes que l’on suit.
- Fiabilité : tu n’as pas envie de te retrouver à démonter le réservoir tous les soirs pour atteindre la pompe à essence qui a des ratés. C’est là où c’est bien de prendre des motos assez répandues, car elles ont généralement été éprouvées par des (dizaines de) milliers de conducteurs et donc leurs problèmes sont connus.
- Budget : on trouve des bécanes dans toutes les fourchettes de prix si tu n’es pas regardant sur l’âge. Quant au confort ou même au chargement, il est possible d’agrémenter ta moto d’options provenant d’accessoiristes.
Je me permets aussi de préciser que la moto ne fait pas le pilote. S’entraîner voire participer à un stage d’initiation pour mieux maîtriser votre moto sera toujours une bonne idée. Cela évitera tout drame lors de votre voyage et vous permettra de rentrer en sécurité.
De mon côté, la moto que j’ai est une BMW R1250 GS Adventure de 2020 :
- 268 kilos tous plein faits (hors bagagerie)
- 136 chevaux sur un moteur bicylindre Boxer de 1252cm3 avec technologie ShiftCam
- 30 litres de réservoir
- 2 roues
- 1 guidon
- 1 idiot non identifié entre le guidon et la selle.
- Bagages de série (valises alu BMW et top case Givi Trekker 58 litres)
Pour « l’adapter » à un roadtrip long tel que celui de Ride For Life 2020 (81 jours jusqu’au Kuridstan Turc), je n’ai pas eu à faire grand chose car elle a été pensée pour ça. On peut être surpris que des ingénieurs en Bavière aient réussi une telle bécane aussi polyvalente. J’ai acheté cette moto en Juin 2020 pour la recevoir à sa sortie d’usine le 11 Juillet. Surnomée « Babe » (non pas en référence au cochon devenu berger, respecte-la s’il te plaît), nous sommes ensuite partis pour notre premier roadtrip en amoureux le 20 Août 2020. Je te partage ici ma réflexion sur le choix de la moto et son état.
(Si tu veux retrouver l’article où je parle de l’ensemble de l’équipement pour un roadtrip moto que je prends avec moi, c’est par ici)
Long road trip : moto neuve ou moto d’occasion ?
Et là tu poses une super question. Je pense que ce n’est pas nécessairement la meilleure chose à faire de prendre une moto neuve, récente, à la pointe technologiquement, pour partir dans des régions assez reculées (l’est de la Turquie). Mais je n’ai eu aucun soucis en 15 000 kilomètres avec la moto.
Les avantages / inconvénients d’une moto neuve
Les avantages :
- Peu de kilomètres
- Plus grande fiabilité
- Composants électriques et pièces mécaniques moins éprouvés
- Toutes les dernières innovations technologiques (ABS, DTC, appel d’urgence, etc.)
Les inconvénients :
- Ca coûte cher
- Tu vas forcément la faire tomber
- Tu vas galérer à trouver des pièces compatibles / de rechange car trop récente
- Si t’es tombé sur une mauvaise série avec de nombreuses pannes, tu ne le découvriras que trop tard
- Comme l’a souligné un Allemand rencontré pendant mon séjour en Turquie, avec toute l’électronique, si je tombes en panne, le seul garage BMW capable de m’aider est à Istanbul (et Istanbul c’est dans le coin Nord-Ouest de la Turquie, donc c’est loin).
Quels maxi-trails pour un road trip moto ?
Quand tu souhaites faire des road trips qui combinent off road et route, les maxi trails apparaissent rapidement comme le meilleur choix. C’est pour cette raison que je me suis rapidement tourné vers ce type de motos reconnues pour leurs polyvalences.
Voici la liste de toutes les motos que j’ai essayé avant de choisir :
- Ducati Multistrada 1260 Enduro
- Honda Africa Twin 1100
- Triumph Tiger 1200
- KTM Super Adventure 1290
- Suzuki V-Strom 1050 XT
- Yamaha XTZ 1200 Super Ténéré
- BMW R1250 GS Adventure
L’ensemble des essais fût routier.
Pourquoi avoir choisi une GS ?
Pour être honnête, je ne considérais même pas la GS au début… Moto de vieux, lourde, défigurée, chère, etc. J’avais plutôt en tête une Multistrada ou une Africa Twin.
Mais, sur les conseils d’un de mes anciens clients qui avait eu une GS dans le passé, j’ai décidé de me laisser tenter. Contact rapide avec Pierre de Moto Loft Gennevilliers, puis c’est parti pour 1 heure d’essai (100% route).
Prise en main rapide, moto intuitive, il y a de la reprise, tout se passe comme prévu… Tout se passe comme prévu, et pourtant tu ne t’ennuies pas. Je m’attendais à un truc mou, assez linéaire, sans coup de pieds, bref, l’ennui quoi. Mais pas du tout. Elle est nerveuse, elle est joueuse, ses suspensions sont ultra agréables et t’amènent à chercher à la mettre en défaut, tu te sens aussi bien debout qu’assis d’ailleurs…
Je suis redescendu de la moto, conquis, amoureux même. Je suis retourné voir une Multistrada et une Africa Twin que j’avais bien appréciées, puis j’ai réfléchi (ça m’arrive rarement, faut profiter de l’instant). Je voulais une moto capable de partir en offroad, capable d’avaler des centaines de kilomètres sans que ce soit trop douloureux, avec l’ABS, suffisamment de couple peu importe la plage de régime, fun à conduire, et fiable. Le choix était fait, ce serait la GSA.
GS Adventure ou simple GS ?
De mon côté, j’ai préféré la GS Adventure. Je la trouve en effet beaucoup plus belle (ou moins moche, ça dépend de ton point de vue) !
Plus sérieusement, la GSA a plus d’autonomie, est déjà équipée pour chuter (crash bars), angle de chasse réduit, et maniabilité exceptionnelle malgré les 20 kilos de plus.
En détail ça donne une R1250 GS Adventure équipée de :
- Pack Touring
- Pack Dynamic
- Pack Confort
- Style HP
- Appel d’urgence
- Alarme Antivol
- Bagagerie alu (top case Givi Trekker 58 litres 2 casques + valises BMW)
- Sabot enduro BMW
- Bulle haute
En accessoires supplémentaires, j’ai monté une protection de bocal de liquide de frein arrière, une protection de phare à attache rapide (petite pensée à l’oiseau qui est venu embrasser la protection), et une protection de cardan.
Les accessoires qui m’ont manqué (et je l’ai découvert pendant le roadtrip), ce sont les protections de couvre-culasse car les cailloux vont directement taper dessus quand tu tombes. Un manque que j’ai rattrapé en prenant ceux de BMW une fois revenu en France. Petit conseil, n’attends pas de tomber pour installer ce type de protections. Car avec les chutes, les barres de protection se déforment. Donc si tu veux pouvoir installer les protections de couvre-culasse, il faudra que tu changes tes barres.
Les défauts de la GS
Je vais avoir toute la secte des GSistes sur le dos maintenant.
Il faut avoir bien « poncé » la bécane pour commencer à lui trouver des défauts. Je ne vais pas te mentir, cette bécane conviendra pour 100% de tes road trips sur route, et 90% de tes road trips off road.
C’est selon moi le meilleur maxi trail du marché et arriver à ce degré de polyvalence est incroyable, surtout sur une bécane de ce poids et de cette puissance. Je ne te parle même pas de la fiabilité quand je compare aux bécanes des copains avec lesquels je roule.
Malgré toutes les chutes, je n’ai quasiment jamais rien eu à changer si ce n’est un guidon et un levier, et elle n’est jamais tombée en panne malgré des conditions parfois compliquées.
En fait, les seuls défauts que tu lui trouveras sont si tu souhaites faire de l’off road très technique et rapide. Je ne dis pas qu’elle n’en est pas capable. Tu feras 90% du TET (Trans Euro Trail) sans aucun soucis. Mais cette moto a trois défauts :
- Le poids : notamment dans le très gras, le sable, ou les bourbiers. Difficile de faire une reco avec une bécane si grosse et grande
- Le telelever : invention géniale pour asseoir la bécane mais qui empêche d’avoir une vraie compression de l’avant comme avec une fourche classique et de franchir des « grandes » marches verticales. De plus, à haute vitesse, l’absorption des chocs ne convient pas à l’architecture de ton train avant (mais je n’ai jamais rien cassé jusque là)
- La roue de 19 à l’avant : là où un trail mid-size est plutôt monté d’une roue de 21, la roue de 19 a tendance à se « prendre » et à rester dans les ornières. Il devient plus difficile de se sortir de ce genre de situation, surtout compte tenu du poids de la moto. La roue de 19 a aussi une « empreinte » plus petit que celle de 21, ce qui favorise la glisse de l’avant dans le gras.
Après, on ne va pas se mentir. Pour un voyage lointain, mélangeant route et tout-terrain, la GS reste pour moi la meilleure bécane toujours parée à l’aventure. Tant que tu connais tes limites et quand faire demi-tour, elle t’aménera où tu le souhaites sans encombres.
Mais si tu souhaites partir en road trip très off road avec des sections « endurisantes », il vaudra mieux choisir une bécane plus légère et avec une architecture plus adaptée (exemples : AJP PR7, KTM 690, Yamaha T7). Ou une vieille mémère comme ma Suzuki DR 350 de 1994 🙂
La relation avec ta moto en road trip
Cela va te paraître super cliché. Mais la relation que tu as avec ta moto s’avère être toute particulière. Rien de sexuel, je te vois déjà venir. Et ne m’imagine pas non plus comme la caricature du motard avec son cuir, ses tatouages, ses runs lors des concentrations de motard. Je ne suis pas non plus le motard qui nettoie constamment sa moto. Je suis d’ailleurs convaincu qu’une bonne GS est une GS sale et qui tombe.
Il est pourtant compliqué de te décrire ce que tu ressens envers ta moto. Pendant plusieurs semaines, cette moto va te porter, porter ta « maison », t’amener dans des endroits magnifiques, te faire peur, te faire plaisir, attirer les regards, provoquer des rencontres, des échanges. Sans elle tu ne seras rien. Ceci est ma moto. Peut-être entrevois-tu dans ta tête la « prière du fusil » dans le film Full Metal Jacket ou le « baptême du fusil » dans le film Jarhead. Il est vrai qu’il y a un lien très particulier qui se créé avec ta moto lors d’un voyage.
Tu espères que chaque matin elle démarrera, qu’à chaque pierre elle grimpera, qu’à chaque chute elle se relèvera (en l’occurrence que tu la relèveras, mais qu’elle n’aura rien). Tu es dépendant d’elle, elle est dépendante de toi. Si elle tombe en panne au milieu d’un plateau sur une piste sauvage qui n’est sûrement plus empruntée, tu auras du mal à l’en sortir. Il faut qu’elle soit fiable.
Elle n’est pas comme les vieux 80 cm3 que l’on peut croiser sur les routes Turques, que tu peux facilement hisser à l’arrière d’un pick-up à deux. Avec son poids, il faudrait être plusieurs pour un tel dépannage. Et puis ensuite ? Problème technologique ? Pas de valise BMW à moins d’être à Istanbul. Problème mécanique ? Imagine le temps pour recevoir les pièces…
Il faudra faire preuve d’une confiance mutuelle entre la machine et moi.
Mais « Babe » ne faillira jamais et me reconnectera à ma passion.