Débuter en (maxi-)trail offroad – la session découverte

Cela fait déjà quelques mois que tu regardes les vidéos de Laurent Cochet et de son roadtrip Kap2Cap. Ces mêmes vidéos qui t’ont fait découvrir plus tard Les Routes de la Soie de Capitaine Morgan, et puis t’as sûrement commencé à visionner d’autres aventuriers comme Léa et son voyage de 90 000 kilomètres. Tout ça te donne envie. Toi aussi tu te prends à rêver de roadtrips, de tous ces voyages au-delà des frontières, dans des lieux reculés où le temps n’a que peu d’emprise et que seuls peu d’entre nous foulerons. Des paysages au combien merveilleux où le simple fait d’y être t’emplit d’émotion et de souvenirs qu’il sera difficile de raconter à ton retour.

Rapidement, tu comprends que ces aventuriers là semblaient avoir un truc en commun : un trail. Ou un maxi-trail ça dépend. Du coup, t’as commencé à te renseigner. De la vieille Transalp des années 80 aux dernières nouveautés type Multistrada 1260 enduro. Après tout, tu l’as vu sur toutes ces vidéos, il te faut un véhicule capable de sortir du bitume. Un deux-roues polyvalent, qui peut avaler de l’autoroute, mais te permettre aussi de monter des montagnes par des pistes voire des sentiers parfois pentus au revêtement plutôt instable.

Mais au-delà de la moto, il y a aussi le motard. Son équipement bien sûr, mais surtout ses compétences.

Car non, je peux t’assurer que t’auras beau avoir la dernière combinaison d’off-road à la mode, avec le casque hyperventilé en carbone indestructible taillé dans les montagnes mystiques du pays de Tolkien, le tout agrémenté d’une moto dernière génération avec la dernière option de jet d’eau pour nettoyer ta bulle d’aventurier de l’extrême, ce n’est pas ce qui te fera avancer. Ce qui compte c’est ce qu’il y a entre le guidon et la selle, toi en bref.

Maintenant que nous sommes clairs que la moto et l’équipement ne font pas le motard (et les pneus non plus car je te vois déjà venir), laisse moi t’accompagner dans ton voyage.

Le trail, ce n’est pas juste une moto tout-terrain comme nous le dit le dictionnaire Le Robert. C’est aussi une pratique. La pratique des motards qui veulent aller loin, partout, plutôt qu’aller vite. Bien que ces éléments ne soient pas nécessairement opposés, le trail consiste à évoluer en milieu « naturel » avec une moto adaptée, ce qui revient donc à faire face à tout type de revêtements qui se situent entre ton point de départ et ta destination. Ainsi, la conduite en offroad requiert un certain niveau de confiance en ta moto, certaines compétences, et une bonne capacité d’adaptation.

Combien ça coûte de débuter en offroad ?

>> Le mythe du craquage de PEL

Bon déjà ça coûte une moto tu seras d’accord avec moi. Je te laisse choisir, neuve, ancienne, allemande, japonaise, peu importe. J’avais fait ce rapide article ici qui expliquait pourquoi j’avais choisi la BMW 1250 GSA et mon opinion sur l’achat d’une moto neuve par rapport à une moto d’occasion pour faire de longs roadtrips.

Ensuite, pour revenir à notre première question, débuter en off-road ne coûte rien (à part la moto que t’as déjà).

  • Je t’assure que pour débuter tu n’auras pas besoin :
    • d’un casque d’enduro
    • de pneus à crampons
    • de rétroviseur rétractables (et je n’en ai toujours pas)
    • des crash bars enveloppants
    • d’avoir 20 ans
    • et de tout le reste soi-disant obligatoire

Concrètement, t’as d’abord besoin de prendre du plaisir…

Comprends-moi, avant de te mettre à l’offroad et d’investir, tu as besoin de découvrir cette pratique. Donc plutôt qu’investir de l’argent dans ton équipement et tes accessoires, vérifie que t’aimes ça.

Tu n’achètes / ne cuisines pas 3 kilos d’un plat que tu n’as jamais goûté. Bah là c’est pareil.

Avant de te dresser une liste de vêtements et autres accessoires qui pourraient t’être utile, je préfère t’expliquer comment t’assurer d’aimer notre belle pratique.

Une photo d’une des sorties hebdomadaires des trailistes d’Aquitaine

Comment être certain que t’aimes l’offroad ?

>> Faire une session de découverte

Comme je te le disais ci-dessus, débuter en offroad ne coûte rien. Il est primordial que tu sois certain que ça te plaise avant d’investir dedans. Pour ça, tu peux avoir recours à différentes méthodes

Méthode #1 : Découvrir avec des copains déjà pratiquants

T’as de la chance, ainsi que des copains qui pratiquent déjà le trail ou le maxi-trail en offroad et acceptent que tu les accompagnes sur un spot pour quelques heures afin de découvrir la pratique, le type de revêtement, l’équipement, mais surtout la mentalité.

Méthode #2 : Les communautés de trailistes sur Facebook

Étape 1 : Trouver un groupe Facebook, propre à ta moto ou à ton département, de motards qui font de l’off-road en trail ensemble.
Étape 2 : Les contacter pour leur demander s’ils ont un spot sur lequel ils pratiquent à faible vitesse et si tu pourrais les y rejoindre quelques heures.
Étape 3 : Les y retrouver, les observer, et si tu te sens, faire quelques tours de roue sur le revêtement instable.
Par exemple, en Aquitaine (principalement en Gironde), nous avons celle-ci avec des événements organisés chaque semaine.

⚠️ Ces communautés ne sont ni des instructeurs, ni des guides. Elles n’ont aucune obligation de support pédagogique ou de progression envers toi. Reste empathique, humble, et curieux !⚠️

Méthode #3 : Ta moto-école

Parfois, ton moniteur de moto-école peut être quelqu’un qui pratique aussi l’off-road ou connais des spots, communautés, organismes qui peuvent t’ouvrir leurs portes pour quelques heures.

Méthode #4 : Ton concessionnaire

Tout comme ton ancien moniteur (ou monitrice), peut-être que ton concessionnaire est au courant de certains événements d’initiation, ou de communautés de trailistes ouvertes aux débutants.

Méthode #5 : Les terrains de tout-terrain

Peut-être as-tu aussi connaissance de lieux tout-terrain comme Univers Tout-Terrain à La Ferté Gaucher (77) ou Bordeaux Tout-Terrain à Saint-Laurent d’Arce (33) qui peuvent organiser des journées « portes-ouvertes » souvent à faible prix et avec un encadrement professionnel.

Méthode #6 : Découvrir tout seul (c’est la méthode que j’ai choisi, mais ce n’est pas la meilleure).

Alors tu peux faire ce que j’ai fait avec RideForLife2020. Tu prends ta moto, tu l’équipes de pneus crampons une fois arrivé en Crète, tu tombes au bout des 100 premiers mètres hors bitume et tu meurs de chaud sous 40°C. Là, si tu décides de continuer après cette première expérience, t’es un brin masochiste, à moins que tu apprécies le défi. Bref, c’est uniquement une question de mental.

A ton retour en France, tes chutes, tes appréhensions, et la tension de tes muscles te condamneront à plusieurs séances d’ostéo pour retrouver une mobilité convenable de ta nuque et de ton dos. Mais tu seras convaincu, que grâce à l’offroad, tu as pris énormément de plaisir à amener ta moto sur des chemins incroyables te permettant d’atteindre des paysages rares et précieux. C’est à ce moment que tu sauras que t’aimes cette pratique.

La méthode « solo » peut avoir des résultats assez originaux, reconnaissons-le.

⚠️ Ce qu’il ne faut jamais faire : n’effectue jamais tes premiers tours de roue lors d’une balade avec d’autres personnes plus expérimentées ! Pourquoi ? Car tu vas avoir peur de ralentir les autres, d’être le boulet du groupe, et tu vas te mettre à rouler au-dessus de ton niveau ce qui va quasi inexorablement aboutir à une chute ou la mise en danger d’autres personnes du groupe. Favorise plutôt une évolution sur un spot fixe, à ton rythme.

Tu aimes l’offroad quand…

(1) tu as été impressionné par les capacités de ta moto à évoluer sur un revêtement instable, (2) tu es fier d’avoir réussi à laisser vivre ta moto dans les cailloux, la terre, ou le sable, (3) tu as toujours cette peur en toi de perdre le contrôle mais tu as encore plus envie de la dominer qu’avant, (4) les inconnus que t’as rencontré auraient pu être des vieux potes tellement t’as apprécié tes échanges avec eux et leur mentalité. (Bonus si ta moto est tombée et que tu l’as trouvée aussi jolie à terre que droite).

Tu n’aimes pas l’offroad quand…

(1) Tu n’as éprouvé aucun plaisir à évoluer sur ce revêtement, (2) tu ne penses pas qu’un jour tu serais fier de toi et de ta moto si vous arriviez à faire la même chose que des trailistes plus expérimentés, (3) et tu n’as pas le sourire à la fin de ta session.

Mais le risque de chutes ? de casse ? et les pneus ?!

Le risque de chute et de casse

Alors je ne vais pas te mentir, il est possible que tu tombes pendant cette session de découverte. Ca fait même partie de la pratique. Mais laisse-moi te rassurer. En offroad, on ne roule pas vite. En tout cas, pas lorsque l’on débute sur un lieu fixe hors balade. Il est fort à parier que ta chute – si elle a lieu – sera même à l’arrêt ou sur un changement de direction quasi immobile.

Si jamais tu chutes, ne retiens pas ta moto. Qu’elle fasse 180 kilos ou 268, laisse tomber (et c’est le cas de le dire). A part si tu souhaites te faire une élongation, te bloquer le dos, ou te coincer la jambe en-dessous. Je ne suis pas un grand fan des vidéos-tuto, mais si ça peut te rassurer et réduire ton appréhension, voici une vidéo de l’excellent Tom Barrer.

En terme d’équipement, puisque tu ne sais pas encore si tu vas aimer la conduite en offroad, prends ton équipement de route, ça suffira amplement. Comme je te le disais, si tu tombes, ce sera sûrement à faible vitesse. Donc ton casque, ton blouson, et tes bottines suffiront pour ces premiers tours de roue. Alors évidemment, essaie de prendre ton équipement le plus « coqué ».

Quant à la casse, certains trails et maxi-trails sortent d’usine avec des crash bars qui devraient protéger les endroits sensibles de ta moto. Et sinon, comme je te le disais, les chutes ont quand même lieu à faible allure voire à l’arrêt et ne devraient donc pas occasionner de dégâts (à l’exception de quelques griffures, mais ce n’est pas vraiment un dégât).

Et les pneus ?

Voilà un sujet qui déchaîne toutes les passions. L’intégralité des experts Facebook de l’offroad en trail sont unanimes, il faut du gros crampon. Ils t’expliqueront que le pneu c’est le plus important car c’est ce qui relie le sol à ta moto et donc te permet de tracter et franchir des marches et autres buttes.

Je vais t’arrêter de suite, le pneu c’est bien, mais comprendre et te servir des lois de la physique c’est mieux (d’ailleurs, le franchissement c’est surtout un sujet d’inertie et d’équilibre, mais je ne vais pas en parler maintenant).

Si tu souhaites acheter des pneus crampons pour ta première fois hors bitume, tu peux bien évidemment le faire, ce serait même mieux. Mais admettons qu’au final l’offroad ne te plaise pas du tout, tu auras dépensé au moins 250 € pour un train de pneus que tu vas subir quelques milliers de kilomètres sur du bitume (la mise sur l’angle et plus largement le comportement d’un pneu à crampon sur bitume ne plaît pas à tout le monde, sans oublier les performances sur mouillé).

Quelques bases en terme de pneus, tu as trois types de pneus :
1. Pneu route (100/0) : Pneu conçu à 100% pour la route, 0% pour l’offroad
2. Pneus « adventure » (80/20) : Pneu conçu à 80% pour la route, 20% pour l’offroad (exemples : Anakee Adventure, TKC 70)
3. Pneus « mixtes » (50/50) : Pneu conçu à 50% pour la route, 50% pour l’offroad (exemples : Anakee Wild, TKC 80, AX41)
Et t’as même des pneus profilés encore plus pour l’offroad que pour la route.

Le quatrième type de pneu : le pneu percé (à 2 endroits)

Sauf que pour avancer, ce qui compte c’est l’inertie de la moto et son équilibre. Jusqu’à preuve du contraire, le pneu ne t’aide qu’à fournir cette énergie pour mettre la moto en mouvement, mais il ne t’aide pas à garder l’équilibre ou à positionner ta moto (et ton corps) correctement face à un obstacle ou même sur une piste. Un exemple tout simple : si en trail et maxi-trail tu t’arrêtes au milieu d’une montée on te dit de redescendre pour recommencer d’en bas. Si le pneu suffisait, tu n’en aurais pas besoin et pourrais reprendre là où tu t’es arrêté.

Alors à quoi servent les pneus à crampons ? L’intérêt des crampons c’est de « trier » le terrain meuble jusqu’à trouver une surface suffisamment solide pour que ton pneu puisse accrocher et mettre la moto en mouvement puis la maintenir dans la trajectoire voulue. De fait, sur un terrain très sec et pas meuble, les crampons ne seront pas d’une grande utilité. Ainsi, tu peux aisément rouler sur un terrain sec pour ta session de découverte avec tes pneus route. N’oublie pas néanmoins de descendre ta pression aux alentours de 1,8 bars puis de la remettre à sa pression d’origine quand tu reprendras la route.

Je ferais un article détaillé sur les pneus et les pressions selon revêtement plus tard.

Deux autres mythes des pneus à crampons : le sable et la boue

D’après toi, que font 1 à 2 centimètres de crampons dans du sable profond et de la boue ? Réponse : rien. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est la physique. Que ce soit le sable ou la boue, tes pneus ont des crampons trop courts pour « trier » jusqu’à atteindre la surface solide. Et ce n’est pas le trou que va creuser ton pneu arrière sur place qui va t’aider. Au contraire, tu vas te créer une marche impossible à quitter. Mais ça c’est un autre sujet et tu trouveras des vidéos sur Youtube pour ça.

Et du coup, pourquoi je roule en pneus à crampons ?

Je ne dis pas que les pneus à crampons sont inutiles. Je dis que pour une première fois hors bitume, tu n’as pas besoin de ce type de pneus tant que le revêtement est sec et stable !

Quant à moi, je roule en pneus crampons pour deux raisons : (1) je trouve que ça donne un sacré style à la 1250 GSA, (2) je roule en offroad sur tout type de terrains y compris des revêtements meubles. Mais j’ai déjà vu des copains me suivre sans soucis en pneu adventure sur des terrains trempés, et plus récemment un débutant s’élancer sur une sacré pente en pneu route et parvenir au sommet (dans la douleur).

Si ta session « auto-organisée » de découverte t’a plu et que tu souhaites continuer l’offroad tant mieux 🙂 Cela fera peut-être l’objet d’un prochain article.

Un dernier petit conseil, mais qu’est peut-être le plus important de tous, pense à respirer quand t’es sur ta moto. Moins tu respires, plus tu restes crispé, plus tu appréhendes, moins tu t’écoutes (ainsi que ta moto), plus tu as de chances de te planter. Te parler à toi-même sous le casque et/ou sourire sont deux méthodes qui vont physiologiquement te forcer à respirer.

Soyons clairs, le but de cet article n’est pas de te dire « ne t’équipe pas ». Mon but est de t’expliquer comment tu peux t’organiser ta propre session de découverte de l’offroad pour que tu sois certain que cela te plaise avant de commencer à investir de l’argent et du temps.

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